La Lumière de l'Ombre
La Lumière de l’ombre… ou merci Harry GRUYAERT ou encore de l’esthétique de la laideur… Sorte de marronnier des photographes l’ombre et la lumière trouve ici sa pertinence quand on découvre le lieu à l’origine de ces prises de vue, une maison d’arrêt. Au-delà du jeu de mots avec « être à l’ombre » on retrouve chez certains philosophes de l’esthétique l’idée que « beauté et liberté » sont indissociables… (Cf. Karl ROZENKRANZ). Ici la laideur pourrait s’incarner dans la vétusté des lieux abandonnés, mais également par « contamination » du ce pourquoi il y a eu privation de liberté… qui génère une sorte de malaise en déambulant dans ces différents espaces chargés d’histoires plus ou moins sordides, dramatiques, criminelles… Alors comment s’adapter à cette situation ? Ma façon personnelle d’y être un peu parvenu ce fût de penser au travail du photographe Harry GRUYAERT grand maître de l’exploitation de la couleur en photographie, tout en concevant qu’il peut y avoir une esthétique du « laid » à l’instar de ce que ARISTOTE évoquait déjà dans « la Poétique » lorsqu’il différencie le sujet de l’œuvre d’art, de l’œuvre d’art elle-même : « Nous prenons plaisir à contempler les images les plus exactes des choses dont la vue nous est pénible dans la réalité » ce que KANT affirme aussi dans « La Critique de la Faculté de Juger » lorsqu’il énonce que « Les beaux-arts montrent leur supériorité précisément en ceci qu’ils donnent une belle description de choses qui dans la nature seraient laides ou déplaisantes ». Il se révèle ainsi que la beauté ou la laideur du « modèle » diffère de la beauté ou de la laideur de la création artistique. Ainsi l’art n’est pas la représentation d’une chose belle, mais la belle représentation d’une chose. Puissent ces quelques images offrir un autre regard sur ce lieu…